Douglas KIRKLAND est un passionné des images depuis son plus jeune âge. Arrivant du Canada il commence à travailler pour un petit studio photo en Virginie. En quelques années il rencontre le photographe dont il était l’admirateur et part à New York pour le poste d’assistant d’Irving PENN. Malgré la place de choix qu’il obtient, Douglas KIRKLAND à besoin d’argent pour vivre et Irving PENN refuse de l’augmenter. Il se donne alors quelques temps pour se faire connaitre et plus tard il intègre Look Magazine pour lequel il obtient une première séance photo avec Elizabeth TAYLOR. Cette séance photo est l’origine de sa réputation de portraitiste de stars. Nous sommes en 1961 et c’est aussi l’année durant laquelle il photographie Marilyn MONROE. Parmi les personnalités les plus influentes, il photographiera Audrey HEPBURN, Brigitte BARDOT, Jack NICHOLSON ou encore Coco CHANEL.
C’est donc seulement à 27 ans qu’il réalisera pour le magasine Life la séance photo qui le fera rentrer dans l’histoire. Il photographie en 1961 le célèbre sex-symbol Marilyn MONROE, à moitié nu dans un lit, jouant avec les draps et l’objectif de l’appareil photo de Douglas Kirkland. L’artiste avait proposé à Marilyn de la montrer comme elle souhaitait que l’on se souvienne d’elle 25 ans plus tard. C’est une série très délicate, sensuelle et joyeuse qui en ressort. Le photographe réussi à produire et capturer une très grande intimité entre la star et lui. L’aura de Marilyn et la puissance émotionnelle de cette série font que 50 ans après, l’artiste publie un livre With Marilyn : An Evening 1961 dont les photographies font toujours autant parler d’elles.
Outre les qualités graphiques des photographies, c’est la personnalité du photographe qui ressort. Douglas Kirkland lorsqu’il raconte le déroulement de cette séance photo, dit humblement qu’il n’a fait qu’être technicien ici. Il avait préparé la chambre avec des draps blanc, un sol blancs et un balcon pour pouvoir obtenir un point de vue vertical. Puis Marilyn est arrivée à « créé ces images », ce sont les mots de l’artiste. Marylin a pris possessions de l’objectif, et a dirigé la séance photo. En tant que jeune photographe, cette séance photo avec une aussi grande star a beaucoup appris à l’artiste. Dans une interview il raconte une anecdote à propos du drap blanc dans lequel Marilyn est enroulée. La star et lui avait convenu d’un environnement totalement blanc, mais Douglas avait voulu apporter un petit plus et le jours de la séance il a proposé à Marilyn un « cheese cloth » (sorte de tissus blanc transparent pouvant s’apparenter à de la gaz). Marilyn a essayé mais n’a pas aimé, elle a dit ne pas être ce genre de fille. Heureusement elle a repris le contrôle en choisissant le grand drap blanc présent sur la photo. Douglas en a conclu qu’une grande star devait être traité comme tel.
Il témoigne aussi avoir rencontré trois différentes Marilyn. À leur premier rendez-vous elle était simple, accessible et très naturelle. Le jour de la séance photo, elle s’est transformée en en une Marilyn ultra sexy, il n’y avait quelle dans la pièce et il était impossible de détourner son regard d’elle. Enfin quelques jours après la séance, ils ont eu un dernier rendez-vous pour montrer les photos à Marilyn et là, Douglas raconte avoir découvert une personne déprimée, sombre qui n’avait rien a voir avec la personne sur les photos. Cela a été une expérience très forte et marquante pour l’artiste.
Les photos les plus célèbres de cette série sont celle de Marilyn prises à la verticale depuis un balcon dans le studio photo. Le décors est entièrement blanc. Hors du temps et de l’espace, Marylin est plongée nue dans un nuage de draps. La star joue avec le tissus et le coussin, avec son regard séducteur qui semble inviter à la rejoindre. Elle se roule dans les draps, sourie et s’amuse, elle semble heureuse et épanouie. C’est un ange tombé du ciel. L’ambiance est éclatante et rafraîchissante, les cheveux blonds de Marilyn, sa peau claire et le blanc de la literie, tout est immaculé et pur. Douglas KIRKLAND a utilisé ici un grain tout particulier, presque cotonneux. On y ressent le mouvement de cette femme dans ces draps et comme une sorte de flottement voluptueux. Il est intéressant de remarquer l’importance centrale qui est donné au regard de la star. Il n’est pas fuyant ou détourné. Il est bien présent, Marilyn fixe l’objectif, nous regarde et crée un contact intime. Elle nous sourit et s’amuse de notre présence.
Pour ces tirages l’artiste a choisi de grands formats qui nous permettent d’entrer d’autant mieux dans l’image et de se connecter avec la photo.
Dans cette deuxième typologie de photo, les traits sont plus affirmés. Bien plus inscrites dans l’espace, les bords du lit sont immédiatement identifiable et les photos n’ont plus un aspect vaporeux mais bien plus réel. L’artiste a opté pour un grand formas carrée et encadré de noir. Un parti prix qui confirme le décalage entre la première série et celle-ci. Ce n’est plus du rêve, Marilyn Monroe est bien là dans ce lit, elle rigole et vous regarde.
Cette troisième sélection a cela de particulier, qu’elle illustre les conditions de réalisation des photos précédentes. On y voit Douglas KIRKLAND et Marilyn MONROE dans un studio photo autour d’un grand lit blanc. L’artiste est parfois pendu au-dessus du vide pour capter chaque mouvement de la star. On peut y ressentir une certaine forme de complicité. Marilyn est à l’aise, détendue, Douglas est concentré, imperturbable et cela se ressent sur les cliché finaux. Elles sont imprimées dans des formas plus intimistes, en lien avec le sujet. Elles nous laissent voir les coulisses d’un moment devenu mythique. Il faut imaginer la scène, dans les années soixante, entre 21h et 1h du matin, du Champagne, la musique de Frank SINATRA et Marylin, nue dans un lit. Douglas Kirkland se confie dans une interview à propos de l’ambiance et de la connexion qu’il y avait entre Marilyn et lui durant cette session. Il décrit cet instant comme « very hot », la star jouait de ses charmes et une véritable connexion s’est établie.