Jacques CHIRAC a été photographié à de multiples occasions par Éric LEFEUVRE. Le photographe a suivi le politicien dans l’exercice du pouvoir, dans ses voyages, ses moments de représentation, dans son intimité et jusque dans ses instants de solitudes. L’œuvre photographique de LEFEUVRE permet de retracer les multiples facettes de la personnalité complexe de Jacques CHIRAC.
« Grand, élancé, regard perçant, sourire carnassier, je le voyais s’avancer les mains souvent dans les poches, un brin voyou, pour aller au milieu des Français. Il dominait tout le monde d’une tête, on le voyait de loin et on ne pouvait l’ignorer. »
Éric LEFEUVRE a été un témoin privilégié de l’incroyable carrière de Jacques CHIRAC, qu’il a suivi de 1984 à 2016. 32 années pendant lesquelles LEFEUVRE a pu immortaliser les coulisses du pouvoir, auprès d’un des hommes politiques les plus importants de la Ve République.
Après l’élection de MITTERRAND en 1988 Jacques CHIRAC est K.O., il se reconstruit et repart « à cheval » grâce à l’aide de sa fille Claude. Il confie à Éric LEFEUVRE : « Si je gagne les prochaines législatives de 1993, cette fois, je n’irai pas à Matignon. J’ai compris ! ». Il demande donc à BALLADUR de prendre la place, les deux amis se contactent alors régulièrement, mais peu à peu leur relation se dégrade. CHIRAC voit ses soutiens lui échapper. Les Guignols de l’info se moquent de leur brouille, dépeignent CHIRAC en looser mais en même temps le rendent sympathique.
Et puis, en 1995, François MITTERAND qui est de plus en plus malade va l’aider, en s’entretenant dans son bureau de la Mairie de Paris. Une scène que LEFEUVRE décrit comme « un adoubement ». La magie opère, les courbes s’inversent et CHIRAC devance BALLADUR puis JOSPIN. Il est élu président de la République avec 52,64% des suffrages. 30 années de travail et de persévérance finissent par payer.
Pendant 13 ans CHIRAC est président des Français. Il se retrouve également confronter à des situations dramatiques, telles que l’attentat de la station Saint Michel le 25 juillet 1995. Il relève également de nombreux défis, comme le déficit qui l’oblige à revoir sa politique dès 1996, ou encore la longue période de cohabitation, qui ne l’empêche pas de rebondir. Les années 2000 ont aussi leur lot de peine, avec l’attentat du 11 septembre 2001. CHIRAC sait briller à l’international, voyageur du monde, il sait aussi rester ferme et prendre des décisions courageuses en s’opposant par exemple à la guerre en Irak.
Depuis 2016 Jacques CHIRAC est âgé et diminué, pour garder en tête sa combativité et son mordant, rien ne vaut ses bons mots et ses aphorismes, dont il avait le secret. Dont voici un petit florilège :
« Prenons garde que notre esprit critique ne se transforme pas en esprit de dénigrement systématique »
« On n’exporte pas la démocratie dans un fourgon blindé. »
« Le pessimisme ouvre la voie à tous les renoncements. »
« Le pouvoir ne se partage pas. »
« Bien sûr que je suis de gauche ! Je mange de la choucroute et je bois de la bière. »
« La préférence pour le présent et ses facilités a toujours un coût pour l’avenir. »