Alors jeune photographe pour le magazine LOOK, Douglas KIRKLAND est envoyé réaliser un reportage sur la papesse de la mode : Mademoiselle CHANEL. L’ignorant d’abord, Coco CHANEL le prend ensuite sous son aile.
En 1962, le magazine LOOK confie à Douglas KIRKLAND la tâche de réaliser un reportage photographique ayant pour sujet, la grande Gabrielle CHANEL. Il est encore jeune et en début de carrière mais les trois semaines qu’il va passer en France auprès de cette icône de la mode, le marquera de façon indélébile. C’est à la fois un défi, une mise à l’épreuve mais aussi une marque de confiance de la part du magazine. Il part pour un capturer l’image de Mlle CHANEL afin de la faire découvrir aux Etats-Unis. A l’époque le pays ne connait pas vraiment cette personne pourtant indétrônable en France. C’est Jackie KENNEDY, en portant un jour un tailleur CHANEL à la Maison Blanche, qui attisa la curiosité les américains.
C’est un travail qui ne va pas s’avérer simple. Douglas KIRKLAND ne parlant pas français, il ne peut alors compter que sur les compétences linguistiques des personnes avec qui il travaille et impose à Coco CHANEL de lui parler en Anglais. Le premier contact ne se fait pas facilement. Au départ Gabrielle CHANEL n’accepte pas la présence du photographe à ses côtés et ne souhaite pas réellement figurer sur ses photographies. Douglas reste alors en retrait il photographie discrètement la créatrice mais se concentre surtout sur les mannequins portant les tailleurs, robes et bijoux. Quelques clichés en ressortent. Ils sont joyeux, pleins de légèreté et de jeunesse. On y ressent le bonheur de ses filles très sûrement conscientes de la chance qu’elles ont de participer à une part de l’histoire de la mode.
Gabrielle CHANEL a alors 79 ans et va en quelques sortes prendre le jeune homme sous son aile. Durant ces trois semaines elle va lui transmettre de sa sagesse et de son expérience. Le photographe confira à l’occasion d’une exposition de cette série à Hong Kong en 2011 que, grâce à cette rencontre, il s’est enrichi d’un incroyable niveau de perfectionnement et qu’il a profité tout au long de sa carrière de l’influence de coco CHANEL.
L’artiste décrit une femme de caractère qui n’était pas du genre à demander aux autres de faire les choses pour elle. Elle travaillait toujours dans son atelier et comme on peut le voir sur de nombreuses photographies de cette série, elle ne quittait pas ses ciseaux de couturière et reprenait les vêtements directement sur les mannequins.
Elle sculptait les vêtements sur le corps des filles afin qu’ils reflètent exactement ce qu’elle avait en tête. Ne quittant jamais sa cigarette ou son chapeau, Douglas affirme qu’en trois semaines et même en ayant passé du temps dans les lieux de vie privée de la créatrice, il ne la jamais vue sans couvre-chef.
Une des grandes forces du travail de Douglas KIRKLAND, est de faire ressortir et ressentir le meilleur des personnes qu’il photographie. C’est l’essence même de son travail. Pour cette série il a réussi à passer outre l’image opiniâtre et stricte de la créatrice. C’est un travail de relation et d’artiste qui pose son regard particulier sur un sujet. Il n’était pas fréquent de voir Coco CHANEL rire ou sourire. Pourtant en quelques semaines, une relation de confiance c’est instaurée entre les deux personnes, grâce à quoi nous pouvons aujourd’hui admirer des photographies intimes et touchantes d’une CHANEL béate au milieu de ses filles d’atelier.
En connaissant pourquoi et dans quelles circonstances Douglas KIRKLAND a réalisé cette série de photographies, on en comprend la structure presque documentaire au départ puis de plus en plus intime et personnel. Il était venu en France pour faire découvrir à notre continent voisin ce qu’était cette grande maison de couture. Mais au cours de son séjour, il a aussi découvert le charme et l’art de vivre qu’elle portait en elle. Il c’est certainement laissé emporter et le résultat n’en est que plus pointu et vrai.